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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

L'impérialisme (débat)

3 Septembre 2015 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #FUIQP, #Questions internationales

L'impérialisme (débat)

L’impérialisme

Plans d’ajustement structurel, un outil de l’impérialisme

La déstructuration qui a eu lieu dans les pays nouvellement indépendants, ou dans des pays auxquels on avait concédé l’indépendance en mettant au pouvoir des dictateurs se soumettant à l’impérialisme, est directement liée au  rôle  dévastateur des plans d’ajustement structurel auxquels sont soumis l’ensemble des pays, notamment africains.

L’endettement qu’ils subissent favorise la corruption et amène la destruction des pouvoirs qui, à leur tour, va justifier et servir de prétexte à des interventions armées en Afrique quand ce ne sont pas ces interventions militaires elles-mêmes qui vont directement entraîner ou amplifier la déstructuration de ces pays et de ces sociétés. On a pu le constater en Irak dans un pays où la société civile existait tant bien que mal, dans lequel les progrès étaient indiscutables et qui est aujourd’hui totalement détruit économiquement mais plus grave encore socialement et politiquement. Il est incontestable que ces interventions militaires sont un obstacle majeur au développement et à l’émancipation de ces sociétés.

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Les ONG, un frein à l’émancipation

Je rejoindrai ce qui a été dit dans l’intervention au sujet du rôle des ONG en ajoutant  que leur action a également pour résultat qu’il devient quasiment impossible pour ces sociétés de s’émanciper, en clair c’est le Charity Business  pour empêcher le développement  de toute initiative populaire organisée de façon autonome.

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Guerres impérialistes et immigration

Aujourd’hui, nombre de pays sont dans une situation gravissime comme c’est le cas pour la Libye qui subit les dommages catastrophiques de l’intervention des grandes puissances au bénéfice notamment des grands lobbies pétroliers et ce chaos risque de s’étendre à la Tunisie, à l’Algérie et même à l’Egypte, pays  qui ne sont pas trop loin, sans oublier l’Afrique subsaharienne. Il est temps de sensibiliser nos concitoyens aux ravages que causent ces interventions.

Cette réflexion ne doit pas simplement être menée par les gens originaires des pays de cette région mais par l’ensemble des citoyens, qu’ils soient d’ici ou de là-bas car nous sommes tous concernés.

Je suis originaire d’Afrique subsaharienne. Lorsque la déstabilisation a touché le Liberia –les troubles ont commencé en 90-, tous les pays voisins ont estimé que cela ne concernait que le Liberia mais ensuite cela a été le tour de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et aujourd’hui du Mali.

Derrière tous ces troubles, toutes ces guerres se trouvent toujours de grands groupes déjà implantés ou qui veulent s’implanter.

Dans tous ces pays qui connaissent la guerre ou des troubles, les véritables pyromanes qui se transforment en pompiers ne sont autres que ceux qui ont installé les grandes entreprises ou défendu leurs intérêts. Il ne faut pas s’étonner ensuite de voir des gens essayer à n’importe quel prix de franchir la Méditerranée et qu’une fois arrivés ici, sont renvoyés sans ménagement  chez eux au prétexte qu’« on ne  peut accueillir toute la misère du monde ». Ici les gens sont laissés dans l’ignorance et ne connaissent pas quels sont ces vrais problèmes. Ce qu’on présente dans les médias, c’est que l’Afrique, c’est toujours la guerre.

Ce sont des questions qui méritent toute notre attention et qui méritent d’être débattues car de là provient une partie de nos problèmes et c’est à partir de cette situation que l’on arrive toujours à nous stigmatiser, à nous raciser.

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Routes des richesses naturelles, routes des guerres, routes migratoires

Quand on fait le parallèle entre les routes des richesses naturelles et les routes de guerres, il faut ajouter aussi que ce sont les routes migratoires. En réalité souvent, lorsqu’on fait référence aux immigrés, on parle des immigrés qui sont ici mais on ne parle pas de ceux qui sont en train de traverser en ce moment ou de ceux qui s’apprêtent à le faire.

Mettre en évidence le lien avec les routes migratoires, c’est aussi parler des drames qui se jouent, de la gestion militarisée des frontières extérieures de l’Europe, frontières meurtrières qui sont responsables de la mort, on peut dire de l’assassinat de milliers de personnes qui arrivent de pays où justement les pays occidentaux vont faire la guerre.

A cela s’ajoute la création de centaines de milliers de sans-papiers par des lois excluantes qui font de ces migrants tout à la fois la cible privilégiée de la police et de la chair corvéable à merci pour les patrons.

L’impérialisme, par le développement et le contrôle des flux migratoires -selon la terminologie de l’Europe- c’est également la poursuite d’une forme d’esclavage.

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Reconstruire un mouvement anti-guerre

Dans la loi sur le renseignement intérieur qui a été discutée récemment sont prévus des articles visant tout à la fois à se protéger contre les mouvements qui pourraient contester la politique internationale de la France et à défendre  ses intérêts.

Si dans le mouvement social, la question de l’impérialisme n’est guère prise en compte, en revanche, le gouvernement prend déjà des mesures  pour ne pas être pris au dépourvu et c’est tout un arsenal qu’il veut faire adopter pour empêcher toute contestation de l’ordre qu’il veut imposer.

Lorsque des militants font référence à l’opposition qu’il y a eue contre la guerre en Irak, contre l’occupation en Afghanistan, contre la guerre sans limites,  et qu’ils déplorent qu’à présent il n’y ait aucune réaction, cela montre que l’un des problèmes aujourd’hui, c’est bien de reconstruire un mouvement anti-guerre plus fort, plus puissant.

Aucune réaction ou mobilisation significative contre les dernières  interventions de l’armée française en Afrique, aucune discussion dans les organisations progressistes du mouvement social, une frilosité qu’il faut sans aucun doute relier au développement de l’islamophobie qui de fait paralyse bien des organisations et qui agit comme un frein à l’action et à la réflexion.

Déjà la loi de 2004 sur le foulard avait cassé toute une dynamique qui s’était développée des années auparavant. Aujourd’hui, il faut dépasser ce constat et reprendre l’offensive.

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Mouvement anti-guerre et mouvement anti-impérialiste

Si l’on analyse l’histoire de la France, en fait, il n’y a pas eu de développement important du mouvement anti-guerre. Depuis la colonisation, chaque fois qu’elle intervient à l’étranger, la France le fait au nom des valeurs universelles, au nom des valeurs de la République, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la gauche française n’est pas une grande référence dans la lutte contre la guerre.

Cependant, entre 2002 et 2004, le mouvement anti-guerre a été d’une ampleur étonnante. Sans être gigantesque, on ne peut nier une dynamique certaine avec des manifs pouvant réunir plusieurs centaines de milliers de personnes et parmi elles beaucoup de jeunes. Autres caractéristiques importantes à noter, d’une part une mixité intéressante en termes de participation des quartiers et d’autres part des occupations comme celle de l’American Express par exemple. De plus,  on était en présence d’un mouvement international avec des manifestations dans tous les pays et il est vrai que cela a été une période où beaucoup de choses étaient possibles.

Les dernières grandes manifs ont été celles contre la venue de Bush à Paris en 2004. Et la question reste de savoir pourquoi cela n’a pas continué. A mon sens, ce que l’on n’a pas réussi à faire, c’est  confronter et combiner les réflexions à l’intérieur du mouvement avec tous ceux qui y participaient pour développer au mieux  nos analyses afin de dépasser le seul mouvement anti-guerre. Il nous faut bien prendre en considération que ce n’était pas un mouvement anti-impérialiste mais seulement un mouvement anti-guerre. Sa raison d’être était de s’opposer à la guerre et non pas de lutter contre l’impérialisme même si le lien entre guerre et impérialisme existe bel et bien.

L’impérialisme, ce n’est pas que la guerre qui n’en est qu’une conséquence. L’impérialisme y compris l’aspect militaire, c’est le fait que parallèlement à une  période de crise  se développent de grands groupes et que la compétition qu’ils vont avoir, au lieu d’être  « régulée » par le marché,  va amener une confrontation entre Etats.

Dès la victoire militaire des coalisés en Irak, le mouvement anti-guerre s’est essoufflé, et comme il n’y avait pas la compréhension de ce qu’est l’impérialisme et donc de la nécessité de continuer à le combattre, les mobilisations se sont arrêtées.

Le problème reste toujours celui du passage d’un mouvement anti-guerre à un mouvement anti-impérialiste.

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Georges Ibrahim Abdallah, au-delà du militant, un symbole fédérateur

Sur la thématique de la lutte contre l’impérialisme, la campagne pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah prend toute sa place. Après le dernier meeting organisé à Marseille par le Collectif, on était tombés d’accord pour proposer au FUIQP qu’il pose systématiquement dans toutes ses actions la question de la libération du camarade  Georges Ibrahim Abdallah parce que son cas recoupe à la fois la lutte anti-impérialiste et la lutte pour la Palestine et plus largement pour la cause arabe et particulièrement celle du Liban.

Dans les quartiers populaires, dans les mouvements de l’immigration, dans les mouvements de solidarité nos cœurs ont battu au rythme de l’Intifada en Palestine, de la résistance du peuple palestinien dont Georges Ibrahim Abdallah est l’un des symboles, la figure emblématique, c’est la raison pour laquelle, bien qu’il soit libérable depuis seize ans, il est toujours maintenu en prison à Lannemezan.

C’est parce qu’il unit tous les combats, celui de la lutte des classes, des luttes de l’immigration et de la lutte anti-impérialiste en France que  son cas exemplaire peut nous fédérer de la façon la plus sûre et la plus juste.

Si l’on se perd sur la question de savoir qui sont nos amis, qui ne le sont pas, on oublie que l’impérialisme reste notre ennemi principal, notamment à cause des guerres qu’il mène au Proche-Orient, mais aussi ici même par les ravages qu’il occasionne et auxquels s’opposent  les luttes de l’immigration.

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70 ans après Sétif

Dans quelques jours, ce sera le 8 Mai. Ce sera le 70ème anniversaire du massacre de Sétif, où je suis née. Si, comme les années précédentes, de nombreuses initiatives ont été organisées, il serait bien que cette année on fasse le point sur la situation en Algérie, sur l’évolution du pays, sur la confiscation  de la révolution de nos parents par les dominants algériens aujourd’hui au pouvoir.

Aujourd’hui, nos parents après s’être fait exploiter, sont abandonnés par ce pouvoir alors même qu’ils avaient donné leur sang pour l’Algérie. Le fait que nos parents ne peuvent pas rester longtemps en vacances dans leur pays sinon ils perdent leurs droits en France, est déjà en soi une sorte de trahison.

Ce ne sont pas eux, les gouvernants actuels de l’Algérie qui ont donné leur sang pour la révolution,  et s’il faut toujours pointer les responsabilités des dominants français, il ne faut pas oublier celles aujourd’hui des dominants algériens et bien faire apparaître que parmi tous les dominants, aucun ne vaut mieux que l’autre ! Sans oublier que la corruption et la méfiance  du pouvoir algérien vis à vis de son peuple favorisent aussi les manœuvres de l’impérialisme.

Mais au-delà de ça, il nous faut apporter des éléments d’ordre historique et pédagogique à nos jeunes, à nos enfants qui idéalisent souvent « là-bas », l’Algérie, parce qu’il leur faut bien une branche à laquelle s’accrocher. Ils pensent que la vie est belle là-bas et ils sont même étonnés que des luttes puissent s’y développer. Difficile de trouver le moyen pour faire comprendre aux jeunes que, partout dans le monde, il y a des luttes et que l’on n’obtient rien sans lutter. Je propose donc qu’un texte spécifique puisse être élaboré et diffusé à cet effet.

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Syrie, Dangers de l’instrumentalisation

Aujourd’hui, il y a dans nos quartiers les pro Assad qui prennent pour argument le fait d’affirmer que Bachar serait pro palestinien, ce qui est  vraiment tromper les gens quand on sait combien de Palestiniens sont allés dans les geôles de Bachar et ça aussi il faut qu’on le prenne en compte pour bien analyser et se positionner au mieux sur la Syrie.  De façon plus large, pour moi il ne faut pas  déconnecter ce qui se passe en Palestine et ce qui se passe en Syrie.

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Sahara occidental / Palestine : un parallèle

On ne peut pas passer sous silence la situation au Sahara occidental, un Etat qui n’est toujours pas un Etat et une situation qui reste pour certaines communautés maghrébines, un problème sensible. On est en présence d’un peuple sous domination étrangère et qui demande son indépendance.

Alors que l’ONU le reconnaît comme un Etat à part entière comme la Palestine aujourd’hui encore qui reste occupée, c’est un Etat qui est occupé, sa population souffre et son peuple reste sous emprise étrangère.

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Affiche du FPLP (Années 70)

Affiche du FPLP (Années 70)

Palestine, ne rien lâcher

Il est bon de toujours rappeler que la France est responsable des accords Sykes-Picot  et que par là même notre responsabilité est engagée. Et même si les gens nous reprochent de toujours mettre en avant la question palestinienne, il est de notre devoir de ne rien lâcher et de toujours mettre en avant le droit au retour des réfugiés. Qu’Israël puisse accueillir tous les juifs du monde et que les Palestiniens se voient interdits de retourner chez eux, c’est une injustice que l’on ne peut accepter et sur laquelle on ne doit pas transiger.

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Au delà de l’affichage, pour une solidarité active

Je voudrais rappeler que Georges Ibrahim Abdallah est enfermé en France depuis plus de 31 ans et que le comité de soutien sur Paris ne date que de 2006, même si à titre individuel, à un niveau local, certains n’avaient pas attendu la création du comité pour réagi.

Qu’il ait été complètement oublié par la droite, ce n’est pas étonnant mais il a également été oublié par tous les mouvements de gauche quels qu’ils soient et même par les mouvements d’extrême gauche et si l’article 8 concernant l’adhésion à l’Internationale stipulait « Soutien à la lutte armée et soutien à la lutte anti-coloniale des peuples opprimés », aucun parti se revendiquant de la lutte anti-impérialiste ne l’a soutenu. Toutes ces bonnes résolutions sont passées à la trappe et de fait Georges Ibrahim Abdallah paie le prix des renoncements de ces organisations. Et aujourd’hui, lorsque l’on aborde ces questions avec lui, il a bien conscience d’avoir été abandonné. Il sait parfaitement  pourquoi il est enfermé  et que l’excuse la plus souvent avancée pour ne pas le soutenir est qu’il « a du sang sur les mains ».

Dès lors, des questions se posent : « c’est quoi être véritablement un militant anti-impérialiste ? » , « C’est quoi concrètement soutenir la lutte des peuples opprimés ? » Est-ce qu’on passe à la vitesse supérieure, et l’on soutient ou non leur lutte armée ? Est-ce qu’on est des militants pour la paix, uniquement pacifistes, est-ce qu’on soutient la Palestine mais en dénigrant les personnes qui prennent les armes alors que dans le même temps on arbore le pin’s de Lumumba, de Sankara ou de Malcolm X !

Il est facile de se revendiquer des morts alors qu’on laisse crever en prison des militants, eux, bien vivants parce qu’ils sont accusés d’avoir du sang sur les mains en oubliant ou en faisant l’impasse sur tout le contexte de la lutte anti-impérialiste dans lequel ces actions se sont inscrites.

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