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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

La nécessaire politisation de l’antiracisme (Saïd Bouamama)

31 Octobre 2015 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antiracisme politique

Contribution au futur livre d’ATTAC sur l’antiracisme

Le racisme n’est pas une réalité intemporelle pesant sur l’humanité comme une tare originelle ou un défaut permanent qu’il faudrait sans-cesse combattre. Il est au contraire un rapport social historiquement daté, mouvant dans ses formes et dans ses cibles et pouvant en conséquence disparaître. Son émergence date de l’apparition d’un système social précis ayant besoin pour s’étendre de justifier une hiérarchisation des groupes humains. L’esclavage et la colonisation comme modalités de l’accumulation primitive du capitalisme européen sont les bases matérielles de l’émergence des théorisations racistes. Auparavant existait bien sûr des conflits, des guerres et des agressions mais elles n’étaient pas argumentés sur une logique de hiérarchisation de l’humain.

La défense du même système social et économique conduit à une mutation des formes et visages du racisme pour lui permettre de garder son efficace et ses fonctions de légitimation de l’inégalité. Depuis les écrits d’Aimé Césaire et de Frantz Fanon nous savons que les horreurs de la seconde guerre mondiale ont mis fin au premier âge du racisme : le racisme biologique. Avec le nazisme, cet âge du racisme ne s’appliquait plus seulement aux « autres » qu’il fallait civiliser au besoin par la violence mais à d’autres européens. Les luttes de libération nationale des décennies 50 et 60 vont achever la délégitimation de ce premier âge du racisme. Mais comme l’inégalité et l’exploitation perdure dans le néocolonialisme, le racisme mute également de visage. Le second âge du racisme est sa forme culturaliste nous apprend Fanon. Désormais ce ne sont plus les « races » qui sont hiérarchisées pour justifier les inégalités mais les cultures.

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