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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Un chant d'amour Israël-Palestine, une histoire française (1967-2017) (Alain Gresh et Hélène Aldeguer)

12 Mai 2017 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine

Un chant d'amour Israël-Palestine, une histoire française (1967-2017) (Alain Gresh et Hélène Aldeguer)

Le 17 novembre 2013, au cours d'un repas en petit comité organisé à Tel Aviv en présence de François Hollande et de Benjamin Netanyahou, une artiste locale interpréta la chanson de Mike Brant « Laisse-moi t’aimer ». Au moment du toast, le président de la République française se refusa à entonner une chanson. Mais il rendit hommage au Premier ministre israélien : « Pour l’amitié entre Benjamin et moi-même, pour Israël et pour la France, même en chantant aussi mal que je chante - car je chante mal -, j'aurais toujours trouvé un chant d'amour - d'amour pour Israël et pour ses dirigeants. » Cet épisode, passé inaperçu à l'époque est révélateur des relations étonnantes que la France entretient avec Israël et, par conséquent, avec la Palestine. C'est cette relation spéciale, faite d'amours et de haines, de tensions et non-dits, de collusions et d'incompréhensions qu'explorent dans cette bande dessinée le journaliste Alain Gresh, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et spécialiste reconnu du monde arabe, et Hélène Aldeguer, dessinatrice et illustratrice.
L’ouvrage, qui paraîtra cinquante ans après la guerre des Six-Jours (juin 1967), raconte un demi-siècle de relations franco-israélo-palestiniennes. Il dévoile non seulement comment Paris a joué un rôle diplomatique central dans le conflit israélo-arabe, depuis plusieurs décennies, mais également comment ce conflit est très tôt devenu une « passion française », agitant les milieux politiques, intellectuels, médiatiques, artistiques et militants. Depuis cinquante ans, et plus intensément encore qu’on ne le croit, expliquent les auteurs, la question israélo-palestinienne est au cœur de la société française.
Le travail d'Alain Gresh, scénariste de l'ouvrage s'appuie sur des recherches approfondies dans les archives de la diplomatie française et dans la production des médias hexagonaux (presse écrite, télévision, radio, cinéma, brochures militantes, etc.). Grâce à la documentation exceptionnelle qu'il a rassemblée, ce livre permet de comprendre les grandes étapes des relations que la France entretient à la fois avec Israël et avec la Palestine tout en revenant sur des épisodes oubliés, méconnus, voire inconnus, mais emblématiques de l'amour que la société française entretient avec le Proche-Orient.
L'ouvrage est destiné à la fois aux néophytes et aux connaisseurs. C'est dans le but de s'adresser à un public large et exigeant que les auteurs ont choisi de raconter cette histoire sous forme graphique sans pour autant avoir recours à la fiction (les propos des personnages sont tous authentiques). Et pour bien souligner la « passion française » dont il est question dans le livre et les déchirements nationaux qu'elle ne cesse de provoquer depuis des décennies, la dessinatrice Hélène Aldeguer a choisi de restituer cette histoire en jouant sur les effets saturés et contrastés de trois couleurs symboliques : le bleu, le blanc et le rouge.

Notice d'éditeur

C’est une histoire dessinée des relations entre la France, Israël et la Palestine depuis la guerre de juin 1967 que nous offrent Alain Gresh et Hélène Aldeguer. Les principaux protagonistes en sont Charles de Gaulle, Jean-Paul Sartre, Maxime Rodinson, Valéry Giscard d’Estaing, Serge Gainsbourg, Georges Pompidou, François Mitterrand, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy, François Hollande... Leur propos, fidèlement rapportés, permettent de mesurer la violence de cette « passion française » que constitue le conflit israélo-palestinien. Extraits.

Les prémices de la guerre de juin 1967

On donne souvent comme point de départ de la guerre de juin 1967 la décision du président égyptien Gamal Abdel Nasser, prise au mois de mai, de demander le retrait de la Force d’urgence des Nations unies (FUNU) stationnée dans le Sinaï depuis 1957, puis de fermer le détroit de Tiran aux navires israéliens.

Pour comprendre la crise de 1967, il faut en réalité remonter à la guerre de Suez de la fin 1956. À l’issue de cette crise, Israël est contraint de se retirer du Sinaï mais obtient l’installation de la FUNU pour garantir le libre passage des navires par le détroit de Tiran — par lequel transite 5 % du commerce israélien. Cette présence de la FUNU est considérée par l’Égypte comme une atteinte à sa souveraineté

Après le retrait de la FUNU, le président égyptien affirme vouloir trouver une solution pacifique. Dans une lettre au président américain Lyndon Johnson, il se dit prêt à laisser passer par Tiran les cargaisons israéliennes de nature non stratégiques et même à envisager un règlement global du conflit israélo-arabe. Ce que Nasser ne sait pas c’est que Johnson a donné un feu vert à Tel-Aviv pour une intervention militaire — à la condition que les États-Unis ne soient pas impliqués. Il ignore aussi que l’état-major israélien a imposé, par un quasi-coup de force, au Premier ministre Levi Eshkol de passer à l’action.

La crise de l’été 1967 au Proche-Orient éclate au moment de l’escalade au Vietnam où les États-Unis ont engagé plus de 400 000 hommes. En pleine guerre froide, ce conflit pèse évidemment sur les relations entre les États-Unis et l’URSS engagés, les premiers dans le camp israélien, la seconde dans le camp arabe. Tout en restant allié à Washington, le général de Gaulle cherche à faire entendre une voix autonome de la France.

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