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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

1993-2018 : quel bilan pour les accords d'Oslo ?

13 Septembre 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Israël et le sionisme, #Palestine Colonisation occupation

Deux analyses complémentaires:

Danièle Kriegel

Alain Gresh

 

Comment les accords d'Oslo ont mené le conflit israélo-palestinien dans l'impasse

Vingt-cinq ans après la signature de la déclaration de principe, les accords qui devaient mener à la création de deux États ont aggravé la situation. Analyse.

L'erreur de Rabin et Peres

Pour ce très proche de Rabin – c'est lui qui a veillé à la rédaction juridique des accords –, la partie israélienne a surtout commis l'erreur d'avoir rejeté la demande palestinienne de cesser la colonisation. « Rabin et Peres n'en voulaient pas. Je me suis conformé à leurs ordres. Mais, jusqu'à aujourd'hui, cela me hante. Quand nous avons négocié les accords, il y avait 100 000 juifs en Cisjordanie. Il était alors possible d'en évacuer un grand nombre. À l'heure actuelle, je ne vois pas comment un Premier ministre, même le plus favorable à la paix, pourrait revenir en arrière. » Pour Yoel Singer, le refus de Rabin et Peres de geler la construction des colonies était dû à leurs problèmes de coalition. Ils avaient eu beaucoup de mal à faire voter, en septembre 1995, par la Knesset les accords d'Oslo II qui portaient sur l'autonomie des grandes villes palestiniennes.

Pour de nombreux analystes israéliens, l'échec d'Oslo est attribué au terrorisme palestinien qui a fait basculer l'opinion publique israélienne. Pour la majorité des Israéliens, ces accords ont, in fine, signifié le retour de l'insécurité dans les rues du pays. En fait, selon des responsables du Shin Bet, Oslo n'y est pour rien. C'est le massacre de fidèles musulmans, en prière dans le caveau des Patriarches à Hébron, par un juif ultra, Baruch Goldstein, qui a fait basculer le Hamas, lui donnant la « légitimité » pour commettre des attentats contre des civils en territoire israélien. Là, il y a une double responsabilité : celle d'Yitzhak Rabin qui n'a pas pris des mesures contre les colons les plus extrémistes et celle de Yasser Arafat qui n'a pas pu ou pas voulu neutraliser les groupes armés du Hamas.

400 000 colons sur 62 % du territoire

 

Palestine-Israël. L’inéluctable effondrement des accords d’Oslo

Il existe désormais une unanimité parmi les Palestiniens pour estimer que les accords d’Oslo de septembre 1993 ont échoué. Ce processus dont on avait espéré qu’il aboutirait à la création d’un État palestinien indépendant après cinq ans d’autonomie limitée aura en réalité engendré de nouveaux mécanismes de domination à l’intérieur des territoires palestiniens occupés. Pourquoi ?

L’échec du processus engagé à Oslo en 1993 est patent. Il peut être attribué à quatre facteurs principaux, que l’on peut citer par ordre d’importance et que l’on va examiner :

- l’absence de toute volonté de reconnaître les droits nationaux du peuple palestinien de la part des gouvernements israéliens successifs ;

- la partialité du médiateur américain dans les négociations ;

- la faiblesse du mouvement national palestinien ;

- la récente multiplication de tragédies dans le monde arabe, faisant reculer le caractère central de la question palestinienne.

La vision israélienne d’un conflit sans issue

Pour Israël le conflit avec les Palestiniens est existentiel et sans issue. Il aura réussi, grâce aux accords d’Oslo, à résoudre un problème inextricable auquel il a été confronté par sa victoire de 1967 : se retrouver avec les populations palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza, en plus des Palestiniens de 1948 compromettait gravement son caractère « juif ». Une réflexion a alors été entamée dès 1967 avec le projet de Yigal Allon, alors vice-premier ministre, de création d’une entité palestinienne formée de petits cantons isolés avec des fonctions politiques limitées, Israël déclinant ainsi la responsabilité de gérer les habitants palestiniens.

Yitzhak Rabin et Shimon Peres ont retenu ce choix et décidé de négocier avec la direction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Sortie affaiblie de la crise engendrée par l’invasion du Koweït par l’Irak en août 1990, l’organisation faisait face à un boycott politique et financier. Sa popularité dans les territoires lui permettait toutefois de faire accepter les accords d’Oslo. La direction palestinienne avait fait le pari que ces accords allaient, pour la première fois dans l’histoire, consacrer la réalité de la nation palestinienne sur le territoire de la patrie. Elle a considéré que les facteurs de souveraineté seraient peu à peu réunis et que les accords d’autonomie pourraient ensuite évoluer, après la phase transitoire de cinq ans, vers un État indépendant.

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